Sur quoi la Grèce a-t-elle lâché du lest face à l'Eurogroupe ?
Par L' Obs | Publié le 20-02-2015 à 11h53
A quelques heures de la réunion des ministres des Finances de la zone euro sur l'extension du plan d'aide, la Grèce a fait des propositions pour un compromis.
Yanis Varoufakis
A Bruxelles, les ministres des Finances de la zone euro se réunissent pour tenter de trouver un accord sur l'extension du plan d'aide financière à la Grèce. Objectif : éviter un risque de sortie de l'euro de ce pays en crise. En cas d'échec, une nouvelle période d'incertitude pour l'Europe s'ouvrira.
Dans sa lettre au président de l'Eurogroupe, Yanis Varoufakis, ministre grec des Finances, joue le compromis et annonce une série de concessions à destination de ses partenaires européens.
Des concessions...
• La prolongation de l'accord
La Grèce s'est résolue à demander une "extension" pour six mois de l'accord d'assistance financière. Le texte signé en 2012 avec les créanciers du pays prévoit aussi bien les modalités financières des prêts que le programme de réformes. Yanis Varouflakis affirme son intention de "coopérer" et assure que son gouvernement "honorera les obligations financières de la Grèce".
Cette nouvelle période de six mois devrait permettre de préparer l'élaboration d'un nouvel accord.
• Le financement des mesures
Le gouvernement grec s'engage à ce que toute nouvelle mesure votée soit financée sur le plan budgétaire. Il écarte toute décision unilatérale qui aggraverait la situation budgétaire du pays. Il a ainsi reporté le vote prévu ce vendredi de sa première loi "sociale" qui prévoyait un effacement de dette des contribuables.
• La supervision des créanciers
Il refusait jusque-là de traiter avec la troïka - BCE, Commission européenne et FMI -, il n'utilise d'ailleurs pas ce nom honnis mais Yanis Varouflakis accepte finalement la supervision des créanciers de la Grèce.
• Des réformes
Le gouvernement grec n'a a priori rien contre certaines des exigences de la troïka, comme le lancement de réformes visant à renforcer l'indépendance de l'administration fiscale et la modernisation du système judiciaire afin de lutter contre les oligarques.
...Et des ajouts
• Vers plus de flexibilité
La Grèce fait un pas vers ses partenaires et répond à leurs principales exigences mais, dans le même temps, elle prépare la suite en demandant que sa nouvelle stratégie économique soit prise en compte. Le ministre grec des Finances défend une relance de la croissance et une aide aux plus démunis face à l'austérité imposée. Revenir sur les mesures d'austérité les plus douloureuses est la grande promesse de campagne du Premier ministre Alexis Tsipras.
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Une perspective qui ne devrait pas réjouir Angela Merkel qui campe sur une position intransigeante. Martin Jäger, porte-parole du ministère allemand des Finances a déjà fait savoir que "la lettre d'Athènes ne constitue pas une proposition qui mène à une solution pertinente."
L.M.