Zone euro: un accord pour assurer la "crédibilité"
Publié le 09-12-11 à 06:21 par Le Nouvel Observateur avec AFP
Le texte prévoit notamment un renflouement du FMI à hauteur de 200 milliards d'euros:
Le nouvel accord pour renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro sera conclu par ses 17 Etats membres, rejoints par six autres pays qui n'adhèrent pas à la monnaie commune, a déclaré vendredi le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy.
"Nous aurions préféré un accord à 27, cela n'a pas été possible compte tenu de la position de nos amis britanniques", a précisé le président français devant la presse.
200 milliards pour le FMI
Les Etats de la zone euro envisagent de renflouer le Fonds monétaire international (FMI) à hauteur de 200 milliards d'euros, a déclaré vendredi le président français Nicolas Sarkozy, cet argent devant servir ensuite à soutenir des pays fragiles de l'Union monétaire.
"Nous avons décidé d'étudier la possibilité d'un renforcement à hauteur de 200 milliards d'euros" des ressources du FMI, a-t-il dit lors d'une conférence de presse.
La BCE à la tête du fonds de soutien
La Banque centrale européenne (BCE) sera chargée de gérer l'actuel Fonds de secours de la zone euro (FESF) et le futur Mécanisme européen de stabilité (MES) appelé à lui succéder en 2012, a annoncé vendredi le président français Nicolas Sarkozy à Bruxelles.
"Nous sommes arrivés à un autre accord, je peux vous l'annoncer, c'est la Banque centrale qui gèrera le FESF et le MES", a déclaré Nicolas Sarkozy devant la presse à l'issue de lapremière journée d'un sommet à Bruxelles, précisant que cette décision avait été prise sur proposition du président de la BCE, Mario Draghi.
Pression moindre sur les banques
Les pays de la zone euro se sont mis d'accord pour renoncer à leur exigence d'imposer aux banques privées de contribuer systématiquement à l'avenir à des plans de restructuration de dette d'Etats défaillants, comme ce qui s'est passé en Grèce.
Un accord en ce sens a été trouvé concernant les modalités "de la participation du secteur privé" à l'avenir dans plans de sauvetage de pays menacés de faillite, a annoncé Herman Van Rompuy.
Pas d'accord sur les euro-obligations
Les Etats de la zone euro n'ont pu se mettre d'accord vendredi pour ouvrir la porte, même dans un avenir lointain, à des euro-obligations pour mutualiser leurs dettes, a-t-il également affirmé.
Toutefois, "les Etats membres de la zone euro ont donné mandat" aux dirigeants des institutions européennes "de poursuivre nos travaux sur l'intégration budgétaire" et "la mutualisation de la dette", a-t-il ajouté.
"Nous espérons reparler de ce sujet lorsque la tempête sera passée", a-t-il affirmé.
Les euro-obligations, ou eurobonds, sont jugés par de nombreux économistes comme une des seules mesures susceptibles de calmer les marchés. Herman Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avaient proposé d'ouvrir la porte à leur mise en place, même à l'avenir, mais l'Allemagne y était résolument opposée.
L'euro en quête de "crédibilité"
La chancelière allemande Angela Merkel a estimé vendredi que le sommet européen sur la crise de l'euro avait abouti à un "bon résultat" qui doit permettre à l'euro de regagner sa "crédibilité".
"Nous sommes parvenus après de longues négociations à un bon résultat", a-t-elle dit à la presse à l'issue de la première journée du sommet de Bruxelles. "Nous allons bâtir une union budgétaire pour l'euro qui sera en même temps une union de stabilité", a-t-elle ajouté.
Cf:***Crise de la dette : dernier inventaire avant la finale
Publié le 06-12-11 à 19:27
***Il se passe tous les jours quelque chose sur le front de la crise financiaro-monétaire. Qui gagne ? Qui perd ? Décryptage, par Jean-Gabriel Fredet.
RéagirRéunion des partis conservateurs européens, jeudi, à Marseille, avec participation d’Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et Mariano Rajoy, le nouvel homme fort de l’Espagne. Puis vendredi, énième Conseil européen "de la dernière chance" à Bruxelles, à 27 cette fois, mais dominé par la présence du couple "Merkozy".
Les deux poids lourds de l’Union tenteront de vendre au plénum des membres de l’Union leur projet de réforme des traités européens concrétisé lundi lors d’un déjeuner de travail élyséen, salué par les marchés comme une percée significative…avant d’être considéré comme nul et non avenu par l’agence Standard & Poor’s. Qui s’apprête à dégrader toute la zone euro, sans même avoir pris connaissance de l’accord Berlin-Paris…
Comme aux Galeries Lafayette, il se passe tous les jours quelque chose sur le front de la crise financiaro-monétaire. Qui gagne ? Qui perd ? Les "avancées" d’aujourd’hui sont-elles en trompe l’oeil ? Les menaces des agences de notation (qui viennent de placer sous surveillance négative le Fonds de secours européen avant même qu’il soit sortie de l’œuf) sont-elles forcément contreproductives ? Avant une nouvelle séquence décisive, arrêt sur image pour quelques constations de bon sens.
1/ Le deal politique franco-allemand.
Sitôt annoncé, le dispositif imaginé par les deux pays pour tenter de résoudre - sur le fond - la crise de la dette a été parasité par des considérations électorales. Pourtant la maitrise des finances publiques n’est ni de gauche ni de droite.
Plutôt que de s’en prendre à l’ordo-libéralisme allemand et à la discipline germanique, mieux vaudrait reconnaître que la réforme de la "gouvernance économique" de la zone (dont Berlin ne voulait pas, il y a six mois) va dans le bon sens.
En constatant à travers les dérives des quatre dernières décennies qu’on ne peut plus faire confiance à la parole d’un Etat pour qu’il gère prudemment ses finances publiques, Angela Merkel touche un point sensible.
Demander, comme y a consenti Sarkozy, à ce qu’un organisme indépendant - la Cour de Justice européenne - vérifie que les règles d’or nationales sont conformes avec l’engagement d’un retour vers l’équilibre, "sans pouvoir annuler les budgets nationaux" (donc sans porter atteinte aux prérogatives du parlement), n’a rien d’obscène. Sans ce début d’intégration budgétaire, l’intégration monétaire qui postule une convergence des économies s’expose à des crises récurrentes et au "big one", le démantèlement de la zone.
2/ Le rôle néfaste des agences de notation.
Déjà coupable d’une fausse manœuvre il ya 15 jours (en laissant fuiter un brouillon de dégradation), Standard & Poor’s administre cette fois encore une preuve de sa mauvaise fois puisque son ultime coup de semonce condamne potentiellement le compromis franco-allemand d’un pacte de stabilité renforcée…sans en connaître le contenu.
Mais ruse de l’histoire, de ce mal peut sortir un bien. Tout comme l’échec de la dernière adjudication d’obligations allemandes avait fait prendre conscience à la Bundesbank de sa propre vulnérabilité, la menace d’être dégradée - comme la France ! - devrait renforcer la volonté de Berlin d’agir vigoureusement avec la France pour renforcer la gouvernance économique surplombé par un Conseil de la zone qui se réunira tous les mois tant que durerala crise.
Avec, à la clé, l’émergence de ce leadership qui manque à l’Europe… à condition de ne pas froisser les 'petits pays' et d’en faire des membres de second rang ..
3/ Reste la Crise économique, l’autre, celle que portent en germe l’écrêtement général des dépenses publiques, l’austérité érigée en principe, la rigueur devenue postulat.
Avec, suivant un tropisme moutonnier, chaque pays allant dans le même sens, comment éviter une récession ? Un "double dip". Et une explosion du chômage avec des Etats, cette fois sans moyens ? Où sont les contre-propositions ? Qui saura proposer un "mixte" de rigueur et de relance sélective - dans les secteurs d’avenir - ? Pour éviter une crise des années trente au ralenti, il faut aller au-delà du ping- pong entre "rigueur" et "solidarité", "souveraineté nationale" et "supranationalité". C’est là que se joue aussi l’avenir le sort de notre petite péninsule..
Jean-Gabriel Fredet - Le Nouvel Observateur